22 janvier 2010

SOLO...TUDE

SOLO…TUDE
« Je serai le premier avant la mort et bras d’honneur a l’arrivée. »

Ce soir, c’est avec Roger que je suis triste. Avec ses soixante dix printemps pressés. Il y avait eu Ferré, mais surtout Brassens, quelques autres, chênes encore solides et puis Mano Solo. Ca l’avait foudroyé. Une rencontre adente, une passion dévorante, sincère et éclairée. Et puis ce soir, l’absence, d’un ami, d’un musicien, d’un poète.

En ce soir froid, le souvenir d’une rencontre dans les studios de Radio libertaire, avec Papa Laurent et le Squale, une discussion épuisante de ce corps en combat que les mots accompagnaient. Une conviction chevillée au cœur, une énergie haut perchée, les mots de la dispute, et puis cette écorchure existentielle, bien au delà de la maladie, qui envahissait tout et sublimait la quête du poète qui savait si bien faire tinter les mots pour les mettre au diapason de l’émotion et de la raison, celle qu’il faut bien se faire. Mano Solo ne nous laisse jamais tranquille. Il suffit de faire claquer ses musiques dans notre cervelle encore chaude, elle, pour y rencontrer encore et toujours sa voix et son intimité, que nous partagions parce que nous le comprenions. « A l’instant, à l’éternité de l’instant de l’amour (L.F) », compagnon.

Monsieur Frédéric
Léo 38, Nuit noire,
Radio libertaire

Monde Libertaire, 1579 (21-27 janv. 2010)