12 novembre 2005
Le patronat opprime, l'Etat réprime, et la religion compte les points...
Davou,
Le parisien libertaire,
De quel coté du manche faut-il être pour ne pas comprendre l'exaspération de la jeunesse? La rédaction du PL partage le cri de révolte de la jeunesse laissée pour compte, en marge de ce que le pouvoir, la communauté organisatrice si vous préférez, appelle le progrès.
Depuis des années, l'esprit collectif, la conscience de classe est gommée par les mesures de nos exploitants (Etat, Patronat...). Plus qu'une indivisualisation des rapports sociaux, car le soucis de l'individuE n'est évidemment pas la motivation, c'est l'isolement de chacunE qui est visé à travers des réformes telles que celle des retraites, celle de l'assurance-maladie. Les différentes réformes fiscales ne font que favoriser une bourgeoisie qui prospère sur le dos de ce que l'on pourrait appeler la classe ouvrière, ce qui fut qualifier de France d'en bas, le peuple tout simplement.
Le racisme et l'immixtion des idées de l'extrême-droite dans le débat politique sont une réalité. Le musellement de l'individuE, notamment à travers la répression qui touche les mouvements de lutte et de revendications tels que celui des étudiants, des 'traminots' marseillais, des postierEs à Bègles; Et les rafles qui se multiplient, comme pour s'assurer que vraiment, celles et ceux qui ne sont pas de la nationalité nationale (sic) ou qui ne sont pas dans la règle de la Terre d'Asile, n'ont pas le moindre espace de liberté pour souffler un instant... Et l'arsenal sécuritaire mis en place ces derniers jours pour museler la révolte sera-t-il levé? Depuis combien de semaines le plan Vigipirate est-il en vigueur?
Aujourd'hui la jeunesse a pris conscience de son poids, de ce qu'elle peut tirer d'une certaine "unité d'action". Malheureusement, les biais sont vains. Et le manque cruel d'organisation, mais aussi d'un certain sens politique rendent la révolte des cités stérile, et ne favorisera finalement que la stygmatisation, le populisme et les corporatismes religieux. Il faut parler à cette jeunesse, lui expliquer qu'elle est le pouvoir, le seul pouvoir légitime, le seul dialogue qu'elle puisse vraiment établir, c'est avec les militantEs sur le terrain.
Fondation(s) ou fonderie?
Seulement voila, il faut bien admettre que les contacts entre nos mouvements et groupes politiques d'une part, et les associations et groupes politiques issus des cités d'autre part ne sont pas nombreux. Et lorsque samedi 5 novembre, la crise est aigue et que le gouvernement n'a pas encore emboité le pas (de l'oie) au Front National (certes il y a longtemps que c'est le cas dans les intentions, mais pas encore tout à fait pleinement dans les actes), la gauche de la gauche se réunit en colloque autour de la Fondation Copernic pour savoir qui de Nosé, d'Ollivier ou d'Arlety sera le ou la meilleurE candidatE en 2007...
La gauche (de la gauche aussi) est sur répondeur jusqu'en 2007. Et les élus locaux socialistes et communistes, à qui il est demandé pour une fois de faire vraiment de la politique, sont totalement dépassés et en appellent aux religieux!!! La droite se répond, pour peu à peu se plaire, et finir par se confondre. Il suffit que le Front National publie un communiqué appelant à l'instauration du couvre-feu le vendredi (4) soir, pour que le gouvernement ravive la loi de 1955 (quel contexte!) le dimanche (6) soir! Le ministre de l'Intérieur, celui même qui avait visité Argenteuil dans l'esprit de provocation que l'on sait quelques jours avant que Clichy ne s'embrase, rétablit en un tour de plateau télé la double peine (double-pen'). Rappelons aussi qu'une partie de la majorité à l'Assemblée Nationale est pour le rétablissement de la peine de mort, et l'a fait savoir dans un projet de loi en 2004...
Le dialogue avec la jeunesse des quartiers, politique par essence, ne se renouera pas par l'intervention des partis et de leurs dirigeants, ceux-là même qui par alternance organisent la misère pour la rendre civilisée. C'est par le biais des militantEs des associations nées dans les quartiers et celles qui voudront s'y installer, par les personnels de l'Education Nationale, par l'ensemble des salariéEs des services publics présents dans ces quartiers, et conscients de la tâche qui leur incombe, mais aussi par les militantEs qui auront la conviction d'aller parler à cette jeunesse, de lui expliquer les mécanismes de l'exploitation qui touchent les quartiers dit sensibles, qui sont avant tout des quartiers miséreux. La vie y existe pourtant bel et bien, notamment dans des initiatives fortes, même si souvent trop locales. Il faut renouer avec les banlieues, et le faire d'autant plus que l'exclusion organisée les frappe. Et si nous ne nous investissons pas dans cette tache, les religieux et sectaires en tout genre ne manqueront pas de le faire...
"Au quartier des terreurs des enfants se sont mis à brouter des étoiles, La voix lactée s'amidonnait dedans leurs toiles, Et la carte du ciel dans ce quartier de France Indiquait une route à ne pas suivre..."
Paris, le 12 novembre 2005
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